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Syrie: Interview du Président Al-Assad avec un représentant des médias turcs.
par DR Bachar al-Assad
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Le 4 juillet 2012
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Le Quotidien turc « Cumhuriyet » a publié le 3 juillet 2012 une partie d’une interview accordée par le Président Bachar
al-Assad qui s’est exprimé sur les événements en Syrie et leurs
développements régionaux et internationaux. D’après « Shukumaku », cinq
quotidiens turcs… avaient sollicité cet entretien accepté par les
autorités syriennes compétentes, mais quatre d’entre eux n’ont pas été
en mesure de se rendre en Syrie pour y participer ; le Directeur du
Bureau du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan leur ayant demandé
de s’abstenir. D’après Syria-politic [1], la BBC serait pratiquement le
seul média à ne pas avoir plus ou moins mésinterprété le sens des
paroles du Président syrien en ce même jour [NdT].
Monsieur le Président, est-ce que les relations tendues entre la Syrie et la Turquie, notamment
depuis qu’un avion turc a été abattu, pourraient mener à une « chaude »
confrontation entre nos deux pays, comme semble le croire les
dirigeants turcs ?
Nous
vivons une étape que je considère historique. Une multitude d’événements
et de développements sont en train de dessiner la carte de toute une
région. À mon avis, cette étape est probablement comparable à
celle qui a eu lieu, il y a cent ans, lorsque l’Empire Ottoman a reculé
et que le Khalifat est tombé, avec la discorde entre les Arabes et les
Turcs qui a suivi. Ces douze dernières années, et depuis la première
visite du Président Sezer en Syrie,
nous n’avons eu de cesse de changer cette image héritée du passé, et
même de l’effacer totalement de l’esprit des Arabes. Nous avons toujours
dit que l’époque de ces litiges révolus nous a beaucoup et utilement
appris.
Les Arabes ont perdu… les
Turcs ont perdu… il n'est donc pas raisonnable que, tout d'un coup,
nous reprenne l’envie de revenir à ce stade pour que vous et nous
perdions de nouveau ! Depuis un an et 3 mois, autrement dit, depuis le
début de la crise en Syrie, nous avons travaillé dans plusieurs
directions à la fois… la première pour résoudre la crise et faire face
aux terroristes ; la deuxième pour tenter de conserver la relation que
nous avions réussi à construire avec la Turquie, alors que chacun des
pas et des discours de l’actuel gouvernement turc s’évertuent
visiblement à la saper… Je peux dire qu'ils sont arrivés à détruire la
plus grande partie de l'édifice que nous avions bâti, mais les
fondations sont restées, et ces fondations sont les relations entre les
deux peuples.
C’est
pourquoi et en réponse à votre question, je tiens à dire qu’en Syrie
nous continuerons à travailler dur pour que les choses n’en arrivent pas
à la confrontation, une confrontation perdante pour la Syrie, et pour
la Turquie. Je vois bien que la Turquie se dirige dans le sens inverse,
mais seulement au niveau de son gouvernement, non au niveau de son
peuple. Le peuple turc est conscient et ne
permettra pas, comme nous ne permettrons pas, d’en arriver là. Il sait
que ce gouvernement veut l'entrainer vers la confrontation pour des
intérêts particuliers et non pour des intérêts nationaux.
Monsieur
le Président, maintenant que vous avez dit que vous ne laisserez pas
les choses aller dans le sens de la confrontation, quelle est la
position syrienne sur l'avion turc abattu… et les déclarations du
gouvernement et de l'Etat turcs disant qu’il l’a été délibérément et
conformément aux instructions directes du Président Al-Assad ?
Étaient-ils
en ma présence à ce moment précis ? C'est ridicule… il faut rester
logique. Nous sommes face à deux versions : soit nous avons abattu cet
avion délibérément, comme ils le prétendent ; soit nous l’avons abattu en
dehors des eaux territoriales par erreur, si erreur il y a ! Si nous
l’avions abattu par erreur en dehors de nos eaux territoriales, nous
n’aurions pas de problème pour le reconnaître et présenter nos excuses
officielles ; ce dont le peuple
turc sera juge. En revanche, si nous l’avions délibérément abattu, la
question logique serait de savoir quel serait l’intérêt de la Syrie à ce
faire. Détesterions-nous le peuple turc au point de lui adresser un
message en ce sens ? Ce n'est pas vrai parce que, ces dernières années,
ce peuple a répondu à notre amitié par autant d’amitié et que, dans sa
grande majorité, il ne croit pas aux allégations avancées par le
gouvernement Erdogan depuis le début de la crise… Avons-nous cherché à
asséner un coup à l'armée turque ? Pourquoi faire, alors qu’elle n’a
commis aucun acte d’agression à notre égard ?
En
réalité, l’avion a été abattu par le plus petit des canons utilisés en
défense anti-aérienne dont la portée est de 2,5 kms au maximum, et il
est très difficile pour des canons anti-aériens d’abattre un avion de
combat s'il ne vole pas très bas. Par conséquent, le fait que cet avion
ait été abattu par une telle arme signifie qu’il se situait à moins de
2,5 kms des côtes et à basse altitude. En temps normal et en temps de
paix, lorsqu’un avion ami de
n'importe quel pays du monde se pointe de la sorte vous ne le descendez
pas, à plus forte raison s’il s’agit de l’avion d’un pays voisin comme
la Turquie ! Mais nous sommes un
pays en guerre et dans ces conditions lorsque vous ne pouvez identifier
l’avion qui arrive, vous supposez qu’il s’agit d’un avion ennemi ;
d’autant plus que lorsqu’il est descendu en altitude, il n’était pas
visible sur les radars syriens.
Nous
avons donc descendu un avion non identifié, et ce n’est que lorsque la
Turquie a annoncé la disparition de l’un de ses avions que nous avons
supposé qu’il pouvait s’agir d’un avion turc. Nous avons contacté le
côté turc, alors qu’il ne s’est manifesté d’aucune façon et que les
communications directes entre nos deux armées sont totalement
interrompues sur décision des autorités turques. C’est donc le côté
syrien qui a contacté le ministère turc des Affaires étrangères, qui a mis quelques heures à
répondre… Les bateaux de sauvetage ont été envoyés… Et bien sûr, une
coopération syro-turque s’est établie pour porter secours aux pilotes…
Cependant, ce qui n’a pas été dit, c’est que l’avion volait dans un
couloir aérien emprunté maintes fois par l’aviation israélienne pour
violer notre espace. Donc, en de pareilles circonstances et vu la
vitesse, le trajet, et la basse altitude, tout militaire syrien pressent
qu’il peut s’agir d’un avion ennemi et agit en conséquence. Je répète et j’affirme que, du côté syrien, l’avion n’était pas identifié avant d’être abattu.
Monsieur le Président, pourquoi n’y a-t-il pas eu de sommation ?
Pour
cela, il aurait fallu que l’avion apparaisse sur le radar, mais le
soldat derrière son canon ne dispose pas de mécanismes d’alerte. Ses
instructions sont telles qu’en pareil cas, il doit tirer. C’est la
règle… il tire sans se référer à son commandement, car c’est une affaire
de secondes.
À aucun moment, cet avion n’a été repéré par les radars syriens ?
Peut-être
l’a-t-il été quand il se trouvait en haute altitude et à l'extérieur
des eaux territoriales… Mais dans les eaux territoriales, la question
est toute autre. Tout le monde sait que nous parlons ici d'une distance
de 20 kms normalement parcourue en une minute ou moins, et
qu’en basse altitude un avion échappe aux radars. La preuve en est que
lorsque les avions israéliens ont pénétré notre espace pour nous
bombarder en 2007, ils ont échappé à nos radars… Plus important encore,
il n'y a pas de missiles de défense anti-aérienne pouvant atteindre les
limites de nos eaux territoriales dans cette zone. Ce sont là des
mensonges lancés par certains responsables turcs.
L'armée
turque a parlé de communications entre responsables des radars syriens
ayant trait à l’attaque de l’avion turc… Elle a appelé tous les États
possédant des dispositifs d'écoute, des satellites, et des bases
militaires dans la région, Chypre en particulier, à publier ce qu’ils
auraient enregistré.
Qu’ils
publient donc ! Mais ils mentent… Nous avons abattu un avion resté non
identifié jusqu’à ce que la Turquie l’annonce, et je répète et insiste
pour que ceux-là répondent à ma question : où est l’intérêt de la Syrie
pour abattre un avion turc ? Ils
n’ont pas la réponse, alors que jusqu’ici nous avons refusé de traiter
le sujet comme un avion destiné à violer notre espace aérien… en cet
instant précis, nous voulons toujours en rester à une hypothèse de bonne
foi … une erreur du pilote… peut-être… un accident !
Monsieur le Président, qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez été informé qu’un avion turc avait été abattu ?
Sur le
plan psychologique, le peuple turc est un peuple ami et il est évident
que vous ne pouvez pas être heureux d’avoir abattu un avion, à moins que
ce ne soit celui d’un ennemi. Pour nous, l’ennemi est israélien… En revanche, nous avons bien ressenti que
Mr Erdogan et son gouvernement voulaient exploiter la situation pour
des bénéfices qu’ils n’ont pas été en mesure de récolter cette dernière
année. En quinze mois, ils n’ont pas réussi à mobiliser le peuple turc
contre nous… ils ont donc tenté d’utiliser ce sujet pour transférer
l'hostilité entre deux gouvernements à deux peuples. C’est grave !
Monsieur le Président, vous venez d’expliquer à la rue turque
que cet avion n’a pas été abattu délibérément et que l’interprétation
qui en a été donnée est différente. Mais deux jeunes pilotes sont morts
et sont donc les victimes, qu’ils aient été envoyés délibérément ou non…
que dites-vous aux familles de ces deux officiers, en sachant que l'un
d'eux se préparait à rejoindre une mission dans l'espace ?
Abstraction faite des politiques de Mr Erdogan qui n'a infligé au peuple syrien que blessures et destructions, et abstraction faite de son gouvernement qui ne lui a souhaité que la mort… nous,
nous ne souhaitons que le bien pour le peuple turc. C’est un peuple ami
et, pour nous, la mort d’un citoyen turc signifie la mort d'un frère.
Nous présentons nos sincères condoléances aux familles et exprimons
notre estime à ce père du pilote que nous avons entendu dire à Erdogan :
« c’est mon fils qui a été tué et nous ne voulons pas que sa mort soit
exploitée pour aller à la guerre » ! C'est
un comportement honorable qui mérite le respect… il est certain que
nous partageons leur sentiment… et puisque nous sommes frères, nous
ressentons la perte de n’importe quel turc comme la perte de n’importe
quel syrien. Ceci, je le répète, abstraction faite des politiques de Mr
Erdogan.
Auriez-vous souhaité qu’une telle chose ne soit pas arrivée ?
Nous
ne souhaitons pas qu’une telle chose arrive à tout avion non hostile et
non seulement à un avion turc. Ceci dit, n’importe quel avion et même un
avion syrien serait considéré comme un avion ennemi dans les mêmes
circonstances ! Ce ne sont pas là des règles politiques mais des règles
militaires, et je pense qu’elles sont suivies dans la plupart des pays
du monde.
Monsieur
le Président, quel serait votre commentaire au fait que ces deux
pilotes décédés ne faisaient partie ni du gouvernement ni de l'Etat
turcs… malgré notre considération pour vos sentiments envers eux, leurs
familles, et le peuple turc?
C’est normal… mais
ces deux pilotes font partie de l'armée, et ce que vous sous- entendez
est censé passer par une relation directe entre nos deux institutions
militaires, relation totalement interrompue alors qu’en l’occurrence,
elles étaient censées communiquer directement. Ce ne fut pas le cas !
Relation interrompue dans ce seul cas ?
Non…
la relation est interrompue depuis plus de six mois par décision du
gouvernement turc et plus précisément depuis les modifications survenues
au sein de l'armée turque. Vous
savez bien qu’entre pays voisins, certains événements semblables ou
totalement différents nécessitent une coordination directe entre les
forces armées. Or, nous ne disposons actuellement d’aucun annuaire à
utiliser en cas d’urgence. Quand nous avons soulevé la question auprès de
l’attaché militaire turc, il nous a été répondu que nous devrons le
contacter par le biais du gouvernement. Ce n’est pas très pratique, mais
c’est une décision prise du côté turc, non du côté syrien.
Monsieur
le Président, le côté turc prétend que son point fort réside dans le
fait que c’était un avion de reconnaissance ne disposant d’aucune arme
ou protection… pourquoi a-t-il été abattu ?
Les
règles militaires ne sont pas liées au type d’avion, à sa mission ou à
son armement. Le guerrier ou le soldat derrière la DCA ne sait pas s’il
s’agit d’un avion de reconnaissance ou de combat, équipé ou non de
missiles… entré par erreur ou pour hostilité… Il ne peut apprécier, mais
votre question en entraîne une autre : pourquoi ne nous ont-ils pas
prévenu que leur avion allait s’approcher de l'espace aérien syrien ?
S’il y avait eu coordination entre nos deux armées, nous aurions été au
courant des exercices en cours et nous aurions plus facilement estimé la
situation… Le côté turc doit dire publiquement ce
que faisait cet avion dans l’espace aérien syrien bien que nous ne
l’exigions pas, considérant l’incident comme un accident !
Le
gouvernement turc voit désormais le gouvernement et le régime syriens
comme un ennemi et, suite à cette crise récente, il a commencé à masser
ses troupes à la frontière syrienne, comment voyez-vous la Turquie et
quelle est votre réponse à ces agissements ?
Les
deux pires phases qui ont traversé l'Histoire des relations syro-turques
ont eu lieu en 1998 lorsque la Turquie a massé son armée à nos
frontières et dans les années cinquante, en 1955 je crois, au moment du «
Pacte de Bagdad » ; cependant, nous n’avons pas vu la
Turquie comme un ennemi. Il est donc évident que nous ne la verrons pas
comme un ennemi ni aujourd’hui, ni demain, même si nous sommes en
désaccord entre gouvernements. Pour qu’il y ait hostilités entre la
Syrie et la Turquie, il faudrait qu’il y ait hostilités entre les deux
peuples… L’hostilité entre les
gouvernements n’est pas suffisante et c’est pourquoi il n’y a pas de
troupes syriennes qui se dirigent vers la Turquie.
En Turquie, il se dit que de nouvelles règles d’affrontement feraient que n'importe quel avion ou tank syriens qui s’approcheraient de la frontière turque seraient attaqués… Qu’en dites-vous ?
Aucun État n’a le droit de tirer que s’il y a violation de son territoire par un autre État.
Supposons qu'il y ait ciblage d’un tank ou d’un avion syriens…
C'est une question hypothétique. Nous ne voulons pas que les choses aillent dans ce sens entre la Syrie et la Turquie… Et, s’ils ciblent n'importe quel engin à l’intérieur des frontières syriennes, ce sera une agression contre la Syrie.
Comment évaluez-vous la Conférence de Genève… et, en particulier, les points soulignés par Mr Kofi Annan ?
Nous n’en avons pas encore discuté directement avec
Mr Kofi Annan ou avec le côté russe. Néanmoins, certains points nous
ont semblé très clairs dans les déclarations de Mr Annan et du ministre
russe des Affaires étrangères, Mr Lavrov. Le premier : c’est au peuple
syrien de décider et c’est la position syrienne … Le deuxième : il faut
commencer par l’arrêt des violences et c’est la position syrienne … Le
troisième : il faut désarmer les bandes armées et c’est la position
syrienne… Comme l’a dit Mr Annan, les
mains tâchées du sang syrien ne se trouvent pas seulement en Syrie mais
aussi à l'étranger, ce qui confirme le rôle d’autres pays qui sont
impliqués… Ces points sont essentiels pour nous, le plus important et
celui sur lequel nous ne céderons pas est que toute prise de décision
émane de l’intérieur de la Syrie, non de l’extérieur !
Y a t-il des paroles qui vous auraient déplu dans les déclarations de Mr Annan à Genève ?
Tant
qu’il n’y a pas atteinte à la souveraineté syrienne, tout le reste est
discutable… Tout ce qui porte atteinte à cette souveraineté nous
déplait… Hier, Mr Annan a dit que tout relève du peuple syrien et cela
nous satisfait.
Monsieur
le Président, je ne sais si vous avez suivi la conférence de presse de
Mme Clinton qui a dit avoir compris des déclarations de Mr Annan que le
président Assad devait s’en aller… Comment comprenez-vous ces mots ?
Tout d'abord, pour nous les paroles des responsables étatsuniens ne sont généralement d’aucune crédibilité
; ensuite, les prises de position des États-Unis sont fondamentalement
hostiles à la Syrie depuis le début de la crise dont ils sont partie
prenante, en plus de leur soutien évident aux terroristes. C’est
pourquoi, nous ne nous sentons nullement concernés par les déclarations de tel ou tel responsable étatsunien au cours de cette crise.
Ce
qui nous importe c’est comment vous comprenez ce qu’a dit Mr Annan, non
ce qu’a dit Mme Clinton ou Mr Lavrov… comment vous comprenez la
conclusion de la Conférence de Genève ?
Nous,
ce qui nous importe principalement est que la décision revienne au
peuple syrien. C’est ce qu’il nous importe de comprendre et ce qui nous
intéresse… le respect de notre souveraineté et la non-ingérence dans nos
affaires intérieures.
À
cette Conférence ont été abordées les questions de la transition du
pouvoir avec ou sans le Président Al-Assad et celles des exigences
régionales et internationales pour achever le processus de réforme…
quelle est votre position à ce sujet ?
Les réformes n’ont rien à voir avec le régional ou l’international. Nous n'acceptons aucun diktat imposé de l'extérieur et tout se décide en interne. Si j’avais été personnellement intéressé par
un poste, j’aurais exécuté les diktats des Etats-Unis et les exigences
des pétrodollars… j’aurais vendu mes positions et mes principes au pétro-dollar… et surtout, j’aurais accepté la mise en place d’un bouclier anti-missiles en Syrie.
Si les circonstances exigeaient que vous abandonniez votre poste pour sauver votre peuple et la Syrie… le feriez-vous ?
Si le
départ d’un Président réalise l'intérêt de son pays, il est naturel
qu’il parte… c’est évident. Il n’est pas concevable de rester un seul
jour de plus si telle n’est pas la volonté du peuple et c’est les
élections qui en décident.
Devons-nous comprendre que vous ne pensez pas rester en poste ad vitam aeternam ?
Je
vous ai déjà dit que ce qui m’intéresse est ce que je construis, non le
poste que j’occupe. Pour moi, l’important est de construire !
Dr Bachar al-Assad
Président de la République Arabe Syrienne
03/07/2012
Article traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca
[1] بي بي سي تنفرد بـ"عدم تزوير" ترجمة حوار صحيفة تركية مع الأسد
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