Bulletin électronique Mondialisation.ca
URL de cet article: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=32221
L’art de la guerre:
Business d'armes Rome-Tel Aviv
par Manlio Dinucci
|
|
Le 5 aout 2012
| |
Au
plein de la crise arrive enfin “une puissante injection de confiance
pour tous ceux qui croient dans la valeur du travail” : c'est ce que
déclare le député Pd Daniele Marantelli, se félicitant du contrat de Alenia Aermacchi
(Finmeccanica) pour la fourniture à Israël de 20 avions militaires
d'entraînement avancé M-346. Ainsi, dans la prochaine opération “Plomb
durci”, les pilotes israéliens pourront être encore plus effroyablement
meurtriers. Berlusconi avait promis de promouvoir la vente des M-346,
dit l'onorevole Pd, mais “sa
promesse n'a pas été tenue, comme tant d'autres”. Puis, heureusement,
est arrivé le gouvernement Monti. Ses mérites sont reconnus par Giuseppe
Orsi, président de Finmeccanica[1] : l'accord est le fruit d'”une
collaboration avantageuse” entre les gouvernements italien et israélien.
Il oublie cependant, injustement, les mérites du gouvernement
Berlusconi, artisan de la loi-cadre (17 mai 2005) sur la coopération
militaire Italie-Israël. Ce dernier accord, donc, est le fruit de la même politique bipartisane opérée par les gouvernements italiens.
Giuseppe Orsi, président de Finmeccanica
Dans
son annonce du succès de la vente à Israël des M-346 et de leurs
systèmes opérationnels, le ministre italien de la Défense passe par
contre sous silence un détail. Le ministère de la Défense israélien ne
paiera qu'une partie mineure du prix total. La plus grosse partie,
environ 600 millions, sera anticipée par un consortium financier formé
du groupe bancaire italien Unicredit et par un fonds de pension corrélé, qui investiront ensemble 400 millions, et par la banque israélienne Hapoalim, qui investira 200 millions. Le ministère italien de la Défense annonce ainsi que “les forces armées italiennes, de leur côté, pourront
utiliser un système satellitaire optique à haute résolution pour
l'observation de la Terre, dénommé Optsat-3000, réalisé en Israël”. Il
donne ainsi l'impression que ce satellite a été gentiment mis à
disposition de l'Italie par Israël. En réalité, celle-ci l'acquiert à
travers Telespazio aux Israël Aerospace Industries,
en le payant plus de 200 millions de dollars, auxquels s'ajouteront les
coûts nécessaires pour la mise en orbite et le contrôle du satellite.
Celui-ci, à une altitude de 600Kms, servira non pas à une générique
“observation de la Terre”, mais à repérer dans des théâtres d'opérations
guerrières lointains les objectifs à frapper, grâce à des images de
50cms à haute résolution. Sur le ton vague dont il a l’habitude, le
ministère de la Défense communique enfin “la fourniture de sous-systèmes
standard Otan de communication pour deux avions destinés à
l'aéronautique militaire”. Il parle ainsi de la cravache et non du
cheval : les avions sont deux Gulfstream 550, jets d’affaire luxueux
made in Usa, que les Israël Aerospaces Industries transforment en très
sophistiqués avions de guerre. Dotés des appareils électroniques les
plus avancés et reliés à six stations terrestres, ces G-550 modifiés,
capables de voler à 12mille mètres d'altitude avec un rayon d'action de
7mille Kms, sont le fer de lance d'un système de commandement et de
contrôle pour l'attaque de théâtres guerriers lointains. L'Italie achète
à Israël ce système de commandement pour les guerres d'agression au
modique prix de 750 millions de dollars qui, ajoutés à celui du système
satellitaire, porte la dépense à plus d'un milliard. Evidemment avec de
l'argent public.
“Une puissante injection de confiance” à ceux qui croient en la valeur de la guerre.
Edition de mardi 31 juillet 2012 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20120731/manip2pg/14/manip2pz/326628/
Traduit de l'italien par Marie-Ange Patrizio
[1] Le Medef italien, ndt.
|