Roberto Abraham Scaruffi

Monday 6 August 2012



L’art de la guerre: 
Business d'armes Rome-Tel Aviv
Le 5 aout 2012

Au plein de la crise arrive enfin “une puissante injection de confiance pour tous ceux qui croient dans la valeur du travail” : c'est ce que déclare le député Pd Daniele Marantelli, se félicitant du contrat de Alenia Aermacchi (Finmeccanica) pour la fourniture à Israël de 20 avions militaires d'entraînement avancé M-346. Ainsi, dans la prochaine opération “Plomb durci”, les pilotes israéliens pourront être encore plus effroyablement meurtriers. Berlusconi avait promis de promouvoir la vente des M-346, dit l'onorevole Pd, mais “sa promesse n'a pas été tenue, comme tant d'autres”. Puis, heureusement, est arrivé le gouvernement Monti. Ses mérites sont reconnus par Giuseppe Orsi, président de Finmeccanica[1] : l'accord est le fruit d'”une collaboration avantageuse” entre les gouvernements italien et israélien. Il oublie cependant, injustement, les mérites du gouvernement Berlusconi, artisan de la loi-cadre (17 mai 2005) sur la coopération militaire Italie-Israël. Ce dernier accord, donc, est le fruit  de la même politique bipartisane opérée par les gouvernements italiens.



Giuseppe Orsi, président de Finmeccanica

Dans son annonce du succès de la vente à Israël des M-346 et de leurs systèmes opérationnels, le ministre italien de la Défense passe par contre sous silence un détail. Le ministère de la Défense israélien ne paiera qu'une partie mineure du prix total. La plus grosse partie, environ 600 millions, sera anticipée par un consortium financier formé du groupe bancaire italien Unicredit et par un fonds de pension corrélé, qui investiront ensemble 400 millions, et par la banque israélienne Hapoalim, qui investira 200 millions. Le ministère italien de la Défense annonce ainsi que “les forces armées italiennes, de leur côté,  pourront utiliser un système satellitaire optique à haute résolution pour l'observation de la Terre, dénommé Optsat-3000, réalisé en Israël”. Il donne ainsi l'impression que ce satellite a été gentiment mis à disposition de l'Italie par Israël. En réalité, celle-ci l'acquiert à travers Telespazio aux Israël Aerospace Industries, en le payant plus de 200 millions de dollars, auxquels s'ajouteront les coûts nécessaires pour la mise en orbite et le contrôle du satellite. Celui-ci, à une altitude de 600Kms, servira non pas à une générique “observation de la Terre”, mais à repérer dans des théâtres d'opérations guerrières lointains les objectifs à frapper, grâce à des images de 50cms à haute résolution. Sur le ton vague dont il a l’habitude, le ministère de la Défense communique enfin “la fourniture de sous-systèmes standard Otan de communication pour deux avions destinés à l'aéronautique militaire”. Il parle ainsi de la cravache et non du cheval : les avions sont deux Gulfstream 550, jets d’affaire luxueux made in Usa, que les Israël Aerospaces Industries transforment en très sophistiqués avions de guerre. Dotés des appareils électroniques les plus avancés et reliés à six stations terrestres, ces G-550 modifiés, capables de voler à 12mille mètres d'altitude avec un rayon d'action de 7mille Kms, sont le fer de lance d'un système de commandement et de contrôle pour l'attaque de théâtres guerriers lointains. L'Italie achète à Israël ce système de commandement pour les guerres d'agression au modique prix de 750 millions de dollars qui, ajoutés à celui du système satellitaire, porte la dépense à plus d'un milliard. Evidemment avec de l'argent public.  
“Une puissante injection de confiance” à ceux qui croient en la valeur de la guerre.

Traduit de l'italien par Marie-Ange Patrizio

[1] Le Medef italien, ndt.