Roberto Abraham Scaruffi

Tuesday 18 September 2012


18 septembre 2012
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« Manière de voir » n°125 / Octobre-novembre 2012

Où va l'Amérique ?

Numéro coordonné par Benoît Bréville et Serge Halimi
Velléités du président, crise économique... quatre ans après l'improbable victoire de Barack Obama, l'impossible n'est pas advenu. Désormais, les Américains eux-mêmes l'éprouvent : leur modèle est malade. Bien qu'ils prétendent le contraire, les Etats-Unis sont devenus un pays ordinaire.
Un rêve est passé
Benoît Bréville

I. Illusions perdues ?


M. Barack Obama, qui a entamé sa présidence sous le signe de l'espoir et du renouveau, achève son premier mandat dans la morosité et l'inquiétude. Assommée par la crise financière de 2007 et par l'impopularité de M. George W. Bush, la droite républicaine a vite été requinquée puis galvanisée par l'essor du Tea Party et par son raz de marée électoral lors des élections législatives de la mi-mandat.
Atlas Histoire
Depuis une décennie, nous assistons à l'émergence de nouveaux centres de production, de nouveaux lieux de pouvoir, de nouvelles routes de communication. C'est toute la géographie politique, économique et culturelle de la planète qui bascule sous nos yeux. L'Atlas 2013 du Monde diplomatique explore ces nouveaux horizons.

Cette version livre de l'Atlas « Monde émergents » est disponible en librairies et dans la boutique du Monde diplomatique.
Dans l'hypothèse de leur victoire en novembre 2012, les républicains se montreraient presque certainement plus radicaux encore que du temps de Ronald Reagan et de M. Bush. Et cette fois autorisés à se débarrasser pour de bon tant de l'aide médicale aux pauvres et aux personnes âgées que du système fédéral de retraites. Un tel bilan encourage à dresser l'acte d'accusation d'un président Obama velléitaire et technocrate, qui a gâché sa chance.
Mais si la pression venue de sa gauche avait été plus forte, il en aurait peut-être davantage tenu compte. N'a-t-il pas suffi du mouvement Occuper Wall Street pour que la question des inégalités sociales, occultée par celle de la dette, resurgisse dans le débat politique américain ? Au grand dam d'ailleurs d'un homme qui a fait fortune dans la finance spéculative : le candidat républicain à la Maison Blanche...
Peut-on réformer les Etats-Unis ?
Serge Halimi
En Floride, l'éternel espoir du rebond
Olivier Cyran
Revirement de la ministre de l'éducation
Diane Ravitch
Des télévangélistes très cathodiques
Ingrid Carlander
La philosophe du Tea Party
François Flahault
De la colère contre les banques au soulèvement contre l'Etat
Thomas Frank
Amnésie de la gauche
Alexander Cockburn
Le président du compromis
Eric Alterman
Occuper Wall Street sans leader - et sans résultat ?
Raphaël Kempf

II. Société sous tension


Le rythme lent du changement à Washington a replacé au premier plan les transformations permanentes de la société américaine. Bien souvent, les spectacles de masse, le divertissement, le sport, la musique comportent d'ailleurs une dimension idéologique. M. Obama, qui fut élu de Chicago, est bien placé pour savoir ce que le militantisme noir doit aux groupes de jazz des ghettos de la ville, qui offrirent un mode de socialisation et d'éducation politique à une population abandonnée.
Et qui évoque la musique country pense souvent aux « petits Blancs » amers, parfois réactionnaires, qui ne savent à qui attribuer les causes des transformations sociales qu'ils subissent. Mais ces catégories bougent sans cesse : un site progressiste fait appel à des bénévoles pour combattre l'influence des médias conservateurs et commerciaux ; devenu puissant, il se vend à un géant de la communication... Des millions d'Américains préfèrent alors se tourner vers de petites utopies écologiques - ou se préparer à l'apocalypse.
Quand les démocrates récupèrent la country
Sylvie Laurent
Libération par la musique à Chicago
Alexandre Pierrepont
Grandeur et délires du catch américain
Balthazar Crubellier
Comment les conseiller de Ronald Reagan manipulaient la presse
Mark Hertsgaard
Trahison au Huffington Post
Rodney Benson
Et les spots politiques ont envahi les écrans
Robert W. McChesney et John Nichols
Le « New Deal vert » de la Silicon Valley
Agnès Sinaï
Les casaniers de l'apocalypse
Denis Duclos
Servitude au quotidien dans les palaces
Rachel Sherman

III. Redéploiements


En annonçant le retrait des troupes américaines d'Irak puis d'Afghanistan, le président Obama a pris acte de l'échec d'une forme d'intervention extérieure des Etats-Unis. Mais d'autres moyens de contrôle peuvent être plus probants - et beaucoup moins coûteux - que l'invasion armée et l'occupation d'un territoire. L'Empire britannique avait recours aux comptoirs coloniaux ; la puissance américaine, elle, s'appuie sur un chapelet de bases militaires, en particulier en Amérique latine.
Car avoir pour président un Prix Nobel de la paix qui doit réduire les dépenses publiques n'a pas empêché les Etats-Unis de jouer un rôle décisif lors de la guerre de Libye ou de faire pleuvoir les drones sur leurs ennemis en Afghanistan et au Pakistan. Washington semble déterminé à redéployer ses ressources militaires compte tenu du nouvel équilibre mondial des pouvoirs. L'orientation d'ensemble est déjà connue : faire payer l'Europe et mettre plein cap sur le Pacifique. Avec la Chine en ligne de mire.
Emprise militaire sans frontières
William Pfaff
Ormuz, un détroit très convoité
Sélim Nassib
« Basus belli » en Amérique latine
Maurice Lemoine
Le Pentagone présente sa facture à l'Europe
Olivier Zajec
Cap sur le Pacifique
Michael T. Klare
Le style paranoïaque en politique
Richard Hofstadter

Réalisation

Maria Ierardi

Iconographie

Ce numéro est accompagné de photographies de Guillaume Zuili et de Darcy Padilla de l'agence VU.

Compléments documentaires

Benoît Bréville
Sous une pluie de dollars
La prochaine crise des « subprime » ?
L'affreux complot de Barack Obama
Officier du spectacle (Pierre Rimbert)
Quatre ans pour une réforme
Le Prix Nobel de la paix s'exprime

Cartographie

Cécile Marin
Cinquante millions d'habitants supplémentaires
Ce gaz qui pèse dans la balance énergétique