Roberto Abraham Scaruffi

Saturday, 7 January 2012


Père Noël enrôlé par le Norad
L’art de la guerre

par Manlio Dinucci
Le 27 decembre 2011





Chaque année, raconte-t-on aux enfants, le Père Noël fait le tour du monde sur un traîneau volant, tiré par des rennes. Mais qui s’occupe de sa sécurité ? Le Norad, le Commandement de défense aérospatial nord-américain. Le 24 décembre, au quartier général de Peterson (Colorado), est activé un centre opérationnel réel, le Norad Tracks Santa Operation Center qui, avec un personnel de 1.200 spécialistes et volontaires, fait une simulation : suivre la trajectoire de Santa Claus de minute en minute, en la rapportant sur Google Earth ; et répond à tous ceux qui demandent des informations (http://www.norad.mil/ [1]). Dès que le Père Noël décolle du Pôle Nord -explique le Norad- il est localisé par des radars du commandement aérospatial, qui suit sa route avec des satellites en orbite géosynchrone, dotés de senseurs à infrarouges, et de caméras digitales sophistiquées. Quand le traîneau du Père Noël approche de l’Amérique du Nord, s’élèvent en vol des chasseurs bombardiers canadiens et étasuniens (CF-18, F-15, F-16, F-22), dans le cas présent non pas pour abattre le vélivole mais pour l’escorter. Une grande fable mise en scène, en utilisant cependant un centre opérationnel réel et en se référant, dans la simulation, à des satellites militaires et avions réels, utilisés pour la guerre. Une grande opération d’image, qui a débuté en 1955, et qui s’est transformée depuis Internet en une campagne de propagande planétaire. « La veille de Noël -explique le général Charles Jacoby- les enfants du monde comptent sur le Norad pour que Santa Claus puisse accomplir sa mission en toute sécurité ». Le message publicitaire est clair : la mission du Norad n’est pas la guerre mais la sécurité du monde. S’en porte garant un témoin exceptionnel : le Père Noël. Non débutant en devoirs de ce genre. Aux Etats-Unis, le mythique personnage, immigré depuis l’Europe, fût enrôlé en 1863 dans la guerre civile par les Nordistes pour apporter les cadeaux aux soldats sur le front, habillé en bannière étoilé. Puis, dans les années Trente, il fut embauché par Coca-Cola, la multinationale qui le rendit célèbre dans le monde entier dans son image actuelle. Sur la carte de Google Earth, le Père Noël du Norad, au fur et à mesure qu’il survole les régions du monde, laisse des paquets cadeau avec un beau ruban rouge. Même en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, en Libye, pour la joie des enfants qui, des avions étasuniens, n’ont vu jusqu’à présent tomber que des bombes.  Même en Iran et en Syrie, où dans les paquets se trouve le cadeau d’une nouvelle guerre en préparation.
NORAD Jet Fighters Santa 2008 W 300x214 Norad Santa Tracker: Where Is Santa Claus Right This Very Minute?


Sur la carte n’apparaissent par contre pas les paquets pour les hommes politiques et pour les militaires qui font les guerres. Pourtant ceux-ci les attendent avec anxiété parce que, comme disent les psychologues, il y a en chacun de nous un enfant qui se cache. A ces enfants devenus grands et mal élevés, le Père Noël apportera de très coûteux cadeaux, payés avec l’argent public. Comme le F-35 Lightning, le chasseur bombardier de cinquième génération qui sous peu s’élèvera en vol pour escorter le 25 décembre le traîneau du Père Noël, montrant ainsi au monde qu’il « garantit la sécurité des nouvelles générations », et pour bombarder, les autres jours, les pays où le Santa Claus du Norad a laissé ses paquets cadeau. Réfléchissant à tout cela, d’aucuns concluront qu’on ne peut pas faire confiance au Père Noël et qu’il vaut mieux choisir la Crèche. Mais ils n’y trouveront pas la Sainte Famille, arrêtée à un check-point israélien.

Traduit de l’italien par « miracle (de noël) » : Marie-Ange Patrizio 
[1] La rubrique spéciale du site du Norad où l’on pouvait demander des informations sur le trajet http://www.noradsanta.org/it/index.html a été désactivée à la fin du voyage de Santa Claus ; on apprend maintenant que la « First Lady » se trouvait elle aussi au centre opérationnel. NdT.