Au
terme du G8, le président français Sarkozy a annoncé qu’il se rendra à
Benghazi avec le premier ministre britannique Cameron, car « nous avons
les mêmes idées ». Essentiellement une : « La médiation avec Kadhafi
n’est pas possible ». Le président Obama a exprimé la même idée : « nous
ne lâcherons pas tant que le peuple libyen ne sera pas protégé et
l’ombre de la tyrannie disparue ». En termes plus sobres, ils
s’apprêtent à occuper la Libye.
Et
tandis que le G8 demande à Tripoli « la cessation immédiate de
l’utilisation de la force », l’OTAN intensifie les incursions aériennes
qui, en moins de huit semaines, ont dépassé les 8.500. Elles partent
pour la plupart des bases du sud de l’Italie, approvisionnées par les
autres. Pise est continuellement survolée par des C-130J et autres
avions cargos qui, depuis l’aéroport militaire (italien, NdT)
transportent aux bases méridionales les bombes et les missiles de la
base étasunienne de Camp Darby (préfigurant ainsi ce qui se passera
quand entrera en fonction le Hub aérien national, par où transiteront
tous les militaires et tous les matériels dirigés vers les théâtres
d’opération). Que les attaques aériennes soient la préparation du
débarquement, est confirmé par l’entrée en action des hélicoptères
français Tigres, probablement flanqués d’Apaches britanniques.
Plus
significative encore est l’arrivée en Méditerranée d’un important
groupe naval d’attaque, guidé par le plus puissant et moderne
porte-avions nucléaire de la classe Nimitz, baptisé George H.W. Bush, en
l’honneur du président qui en 1991 fit dans le Golfe la première guerre
de l’après guerre froide (nous en sommes aujourd’hui à la cinquième).
Long de 333 mètres et large de 40, il a à bord 6 mille hommes, 56 avions
(qui peuvent décoller à 20 secondes l’un de l’autre) et 15
hélicoptères, et il est doté des systèmes de guerre électronique les
plus sophistiqués. C’est donc une grande base militaire mobile : il a
deux réacteurs à eau pressurisée PWR A4W/A1G, dont la vapeur actionne
les turbines des quatre hélices. Une centrale nucléaire qui, bien
qu’ayant à bord des réacteurs plus dangereux que ceux de Fukushima,
entrera dans la baie de Naples et dans d’autres ports.
Le
porte-avions George H.W. Bush est flanqué d’un groupe de bataille formé
de chasseurs torpilleurs lance-missiles Truxtun et Mitscher, des
croiseurs lance-missiles Gettysburg et Anzio et de huit escadrilles
aériennes. Il va renforcer la Sixième flotte dont le commandement est à
Naples, se joignant à d’autres unités, parmi lesquelles les sous-marins
nucléaires Providence, Florida et Scranton. S’est joint aussi à la
Sixième flotte un des plus puissants groupes d’attaque amphibie, conduit
par le USS Bataan, qui à lui seul peut débarquer 2 mille marines, dotés
d’hélicoptères et avions à décollage vertical, artillerie et chars
d’assaut. Le bâtiment est flanqué de deux autres navires d’assaut
amphibie, le Mesa Verde et le Whidbey Island, qui a effectué du 13 au 18
mai une visite à Taranto (Région Pouilles, NdT). Ce dernier a à son
bord quatre énormes véhicules de débarquement à coussins d’air qui, avec
un rayon d’action de 300 miles, peuvent transporter rapidement jusque
sur la côte 200 hommes à la fois, sans que le navire soit en vue. Tout
est prêt, donc, pour le débarquement « humanitaire » en Libye. Aux
Européens l’honneur de débarquer les premiers, sous l’aile protectrice
du porte-avions Bush.
Edition de samedi 28 mai 2011 de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio