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Assiégés dans les forteresses
L’art de la guerre
par Manlio Dinucci
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Le 27 septembre 2011
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A
force de faire des guerres, les Etats-Unis se sont fait de plus en plus
d’ennemis. Ils sont ainsi préoccupés par la sécurité de leurs
ambassades, qui sont non seulement des sièges diplomatiques mais des
centres opérationnels des services secrets et des commandements
militaires. Le Département d’Etat, estimant que 85% de ses ambassades
sont vulnérables, a dépensé 6 milliards de dollars pour les renforcer
avec du matériel anti-explosion et des barrières infranchissables. En
même temps il en construit de nouvelles, qui sont de véritables
forteresses. La plus grande est celle de Kaboul, la plus grande du
monde, qui abrite le quartier général OTAN/Isaf toujours sous
commandement étasunien. Elle a coûté jusqu’à présent plus de 700
millions de dollars, et a été inaugurée le 14 février, mais d’autres
édifices seront construits à l’intérieur de sa citadelle d’ici 2014,
tandis qu’à Herat et Mazar el Sharif sont réalisés deux consulats
fortifiés. Preuve que les USA n’entendent pas relâcher prise sur
l’Afghanistan.
A l’inauguration, le vice-ambassadeur Anthony Wayne assura que l’édifice construit, en attendant d’en réaliser trois plus grands de plusieurs étages, allait pour le moment fournir « une installation sûre et confortable pour 432 diplomates et membres du staff ». Sept mois plus tard, le 13 septembre, l’ambassade a pourtant été attaquée par des insurgés. Et, pire encore, l’amiral Mike Mullen, président des Chefs d’état-major réunis (la plus haute autorité militaire), a déclaré que derrière cette attaque se trouve l’Isi, le service secret pakistanais. Un affront pour la stratégie annoncée en mars 2009 par le président Obama : après avoir assuré que les USA ne sont pas en Afghanistan pour le contrôler et décider de son avenir, mais pour affronter un ennemi commun, il a déclaré que l’avenir de l’Afghanistan est inextricablement lié à celui du Pakistan. Ce qui signifie, dans le langage du Prix Nobel de la Paix, que les USA considèrent les deux pays comme un seul théâtre de guerre. Le vice-ambassadeur Anthony Wayne Au Pakistan, cependant, on rencontre des résistances croissantes même au siège du gouvernement, malgré le fait que Washington fournisse à Islamabad une aide militaire de 2 milliards de dollars. Le gouvernement pakistanais a rejeté l’accusation de Mullen et sa requête de couper tout lien avec le groupe présumé auteur de l’attaque contre l’ambassade. Il a aussi refusé de laisser entrer des troupes étasuniennes dans la zone tribale à la frontière entre les deux pays, officiellement pour faire la chasse aux auteurs de l’attentat. Le jour même où le gouvernement pakistanais a rejeté la demande, le 23 septembre, un drone de la Cia a cependant lancé deux missiles contre une maison, dans un village pakistanais de frontière, en tuant plusieurs personnes. Depuis qu’en mai les Navy Seals[1] ont donné l’assaut, au Pakistan, au présumé refuge de Ben Laden, dont le présumé cadavre a ensuite été jeté en mer, les attaques des drones se sont intensifiées. Ceci suscite une indignation populaire croissante. Si bien que l’ambassade étasunienne à Islamabad prévient ses concitoyens d’être attentifs aux « fréquentes manifestations anti-américaines (anti-étasuniennes, NdT) et anti-occidentales ».
Tandis
que ceux qui habitent à Kaboul sont avertis : « éviter les déplacements
non nécessaires et les lieux fréquentés par des occidentaux ». Et, au
premier avis de danger, de courir s’enfermer dans
l’ambassade-forteresse. Elle aussi, quand même, pas très sûre.
Edition de mardi 27 septembre 2011 de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
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