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Guerres bénies
L’art de la guerre
par Manlio Dinucci
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Le 4 novembre 2011
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Monseigneur
Vincenzo Pelvi, archevêque ordinaire militaire et directeur de la revue
de l’Ordinariat « Bonus Miles Christi » (le Bon Soldat de Christ),
éprouve « amertume et malaise » face à « ceux qui invoquent la
dissolution des armées et l’objection contre les dépenses militaires ».
Ces mécréants ne comprennent pas que « le monde militaire contribue à
l’édification d’une culture de responsabilité globale, qui s’enracine
dans la loi naturelle et trouve son fondement ultime dans l’unité du
genre humain ». De l’Afghanistan à la Libye, « l’Italie, avec ses
soldats, continue à jouer son rôle pour promouvoir la stabilité, le
désarmement, le développement et soutenir partout la cause des droits
humains ». Le militaire rend
ainsi « un service à l’avantage de tout l’homme et de tout homme, en
devenant le protagoniste d’un grand mouvement de charité dans son pays
comme dans d’autres nations » (Avvenire, 2 juin 2010). Monseigneur Pelvi
perpétue ainsi la tradition historique des hiérarchies ecclésiastiques
de bénir les armées et les guerres.
Il y a
un siècle, en 1911, dans l’église pisane de Santo Stefano des
Chevaliers, décorée de drapeaux pris aux Turcs au 16ème siècle, le
cardinal Maffi exhortait les fantassins italiens, en partance pour la
guerre de Libye, à « croiser les baïonnettes avec les cimeterres » pour
rapporter dans l’église « d’autres bannières sœurs » et ainsi « racheter
l’Italie, notre terre, de nouvelles gloires ». Et le 2 octobre 1935,
alors que Mussolini annonçait la guerre d’Ethiopie, Monseigneur Cazzani,
évêque de Crémone, déclarait dans sa pastorale : « Vrais chrétiens,
prions pour ce pauvre peuple d’Ethiopie, pour qu’il se persuade d’ouvrir
ses portes au progrès de l’humanité, et de concéder les terres, qu’il
ne sait pas et ne peut pas faire fructifier, aux bras exubérants d’un
autre peuple plus nombreux et plus avancé ». Le 28 octobre, en célébrant
au Dôme de Milan le 13ème anniversaire de la marche sur Rome, le
cardinal Schuster exhortait : « Coopérons avec Dieu, dans cette mission
nationale et catholique de bien, en ce moment où, sur les champs
d’Ethiopie, l’étendard d’Italie porte en triomphe la Croix de Christ et
rompt les chaînes des esclaves. Invoquons la bénédiction et la
protection du Seigneur sur notre incomparable Condottiere ».
Le 8
novembre, Monseigneur Valeri, archevêque de Brindisi et Ostumi,
expliquait dans sa pastorale : « L’Italie ne demandait qu’un peu
d’espace pour ses enfants, en telle augmentation qu’ils formaient une
grande Nation de plus de 45 millions d’habitants, et elle le demandait à
un peuple cinq fois moins nombreux que le notre et qui détient, on ne
sait pas pourquoi et de quel droit, une extension de territoire quatre
fois plus grand que l’Italie sans qu’il sache exploiter les trésors dont
l’a enrichi la Providence à l’avantage de l’homme. Pendant de
nombreuses années, on patienta, en supportant agressions et abus, et
quand, n’en pouvant plus, nous eûmes recours au droit des armes, nous
fûmes jugés agresseurs ». Dans le sillon de cette tradition, don
Vincenzo Caiazzo -qui a sa paroisse sur le porte-avions Garibaldi, où il
célèbre la messe dans le hangar des chasseurs qui bombardent la Libye-
assure que « l’Italie est en train de protéger les droits humains et des
peuples, c’est pour cela que nous sommes en mer » (Oggi, 29 juin 2011).
« Les valeurs militaires -explique-t-il- vont bras dessus bras dessous
avec les valeurs chrétiennes ». Pauvre Christ.
Edition de mardi 4 octobre 2011 de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
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