Giulio
Terzi di Sant’Agata, ministre des affaires étrangères du gouvernement
Monti, a fait l’illustration au Sénat de la participation de l’Italie
aux « efforts de la communauté internationale pour promouvoir la paix ».
En paix, il s’y connaît pour avoir été conseiller politique de l’OTAN,
ambassadeur en Israël puis aux Etats-Unis, où il a contribué à l’ «
extraordinaire collaboration bilatérale dans les principaux scénarios de
crises ». Alors que la crise financière alimente au niveau global de
graves tensions politiques et sociales, il est encore plus de «
l’intérêt de l’Italie », affirme le ministre, de participer aux «
opérations dans les scénarios de crises », où se joue la « crédibilité
internationale » du Pays. Car, aussi, la nouvelle stratégie étasunienne
prévoit la réduction des « forces de manœuvre » en Europe en faveur des
autres théâtres d’utilisation, en particulier dans le Pacifique.
L’Italie doit ainsi s’engager plus encore dans des « missions
internationales de paix et de stabilisation », qui soient « réellement
intégrées », c’est-à-dire qui « réunissent les composantes militaires et
civiles », pour faire face aux « défis de la stabilisation qui
proviennent de Libye, les criticités en Afghanistan et au Liban, les
crises dans la Corne d’Afrique ». En Libye, après le « succès de
l’opération conduite par l’OTAN », l’Italie « continuera à soutenir très
activement la nouvelle gouvernance », surtout en formant ses « forces
de sécurité ». Et, le 20 février, elle accueillera à Naples le sommet
ministériel du Dialogue 5+5 et le Foromed pour « la relance du dialogue
et de la coopération entre les deux rives de la Méditerranée ». Dialogue
que l’Italie a mené de façon exemplaire, en larguant sur la Libye un
millier de bombes. Mais déjà se préparent d’autres « opérations » : en
Syrie, avertit Terzi, « la situation n’est plus soutenable ».
Le ministre de la défense Giampaolo Di Paola
Voilà
ce qu’est la « diplomatie de la sécurité », avec laquelle le
gouvernement Monti entend « défendre à l’étranger nos intérêts
politiques, économiques et financiers ». Malgré des ressources
disponibles mineures, précise au Sénat le ministre de la défense
Giampaolo Di Paola, « on ne peut pas sacrifier la capacité
opérationnelle de notre instrument militaire qui est au service de la
sécurité et de l’ordre international ». Sont ainsi nécessaires « des
forces armées certes plus réduites, mais plus modernes, mieux entraînées
et mieux équipées ». Y compris la « défense anti-missile », importante
car « la menace (l’Iran et quelque autre), que cela nous plaise ou non,
existe ». Sur de tels choix, souligne Di Paola, il existe « une
continuité qui traverse les frontières virtuelles de l’alternance de
gouvernement et qui unit les rangs politiques de la majorité et de
l’opposition ». Confirmation immédiate : PdL (Popolo della Libertà) et
Pd (Partito democratico) se rangent compacts avec le gouvernement,
tandis que l’IdV (Italia dei Valori) prend quelque position critique et
que la Lega fait quelques distinguos. Le sénateur Tempestini (Pd)
demande le « renforcement de la crédibilité internationale du Pays », et
pré-annonce un décret-loi pour rendre permanent le financement des «
missions ». Ce qu’avait déjà demandé en vain le sénateur Scanu (Pd) au
gouvernement Berlusconi, parce que « nous tenons à construire la
crédibilité de l’Italie » et parce que « les Forces armées sont un
milieu d’extraordinaire importance de notre
Pays
». « Quelle tristesse -s’était-il exclamé- d’entendre dire que nous ne
devons plus garder certains engagements sur le théâtre (de guerre… NdT)
international parce qu’il n’y a plus de sous ».
Maintenant
il ne sera plus triste : le gouvernement Monti va les trouver en
faisant encore plus de coupes dans les dépenses sociales.
Edition de mardi 31 janvier 2012 de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio