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- Le PJAK, une organisation terroriste soutenue par l’Allemagne ?
L’intervention de la France au Mali, ainsi que ses conséquences assurément désastreuses – que personne n’est en capacité de mesurer actuellement – occulte l’assassinat de trois activistes du PKK, survenus la semaine dernière à Paris, et pour lequel nous avons consacré deux articles. Avec l’intention de livrer un dossier complet à nos lecteurs sur le PKK et ses organisations parallèles, c’est sur le cas du PJAK, dont l’objectif est de tenter de déstabiliser l’Iran par des actions terroristes, que nous nous penchons aujourd’hui.
Le PJAK (Parti pour une vie libre au Kurdistan) est une organisation politique et armée qui, en utilisant le prétexte de l’autonomie du peuple kurde, utilise tous les moyens, et particulièrement l’action terroriste, pour lutter contre le régime iranien. Le PJAK, qui a été créé en 2004, suite à son premier congrès, à l’initiative du leader historique du PKK Abdullah Öcalan – et grâce l’appui, tant financier que logistique, des Etats-Unis et d’Israël – est dirigée depuis l’Allemagne par Abdulrahman Haji Ahmadi.
En effet, aussi cela surprenant puisse paraitre, alors que le PJAK, qui dépend directement du PKK, est considéré comme une organisation terroriste, tant par l’Union Européenne, l’OTAN et les Etats-Unis, Abdulrahman Haji Ahmadi dirige le PJAK depuis son discret appartement à Cologne, dans la Kölnstrasse, dont les murs sont couvert d’images de « martyrs kurdes ».
Il faut préciser que M. Hamadi dispose d’un passeport allemand, puisqu’il a été, un temps, marié à une allemande. Cet ingénieur agronome, né en 1941 dans le nord-ouest de l’Iran, dans un village proche de Naqadeh, pourrait couler une retraite paisible, mais il préfère s’occuper à trouver des fonds pour le PJAK, à Bruxelles et Washington.
En effet, comme nous l’indiquions déjà en juin 2011, l’organisation terroriste PJAK a pu ouvrir un bureau à Bruxelles, de sorte à pouvoir exercer son influence, comme n’importe quelle autre « cabinet de lobbying », sur le pouvoir exécutif de l’Union Européenne.
Mais avant cela, en été 2007, M. Hamadi s’était rendu à Washington. Les diplomates américains affirment que l’accueil a plutôt été « réservé », mais il est quand même surprenant que le leader d’une organisation officiellement classée comme terroriste par les Etats-Unis puisse être officiellement dans la capitale du pays.
Que l’accueil de M. Hamadi a Washington ait été « réservé » ou non, il est évident que les Etats-Unis soutiennent le PJAK dans ses manœuvres de déstabilisation de l’Iran, ce qu’a confirmé dernièrement à l’hebdomadaire Der Spiegel Robert Baer, un ancien agent de la CIA qui a travaillé pendant de nombreuses années dans le nord de l’Irak et qui conserve des liens étroits avec la scène politique kurde. M. Baer indique : «Il est évident que les États-Unis fournissent des renseignements au PJAK afin de leur permettre de déstabiliser l’Iran. Ces informations, et dans une moindre mesure des formations sur le terrain leur sont données par les Forces Delta. »
L’Allemagne, complice des terroristes du PJAK ?
Les experts en sécurité allemands ont des opinions très différentes du PJAK. Alors que les services du renseignement intérieur (Bundesnachrichtendienst, BND) prétend que les activités de l’organisation en Allemagne « sont à peine dignes d’une mention », le parquet fédéral a, l’année dernière, lancé une enquête, non pas à l’encontre son leader Abdulrahman Haji Ahmadi, mais pour savoir si le PJAK est un « groupe terroriste », tel que défini par le droit allemand. Cela alors que, comme nous l’avons déjà indiqué, le PJAK, qui dépend du PKK, est déjà considéré comme tel par le Conseil de l’Union européenne.
La rédaction de Mecanopolis a cherché à rencontrer M. Hamadi afin de réaliser un entretien, mais cela a pour l’instant été malheureusement impossible. Nous aurions pourtant été très intéressé de pouvoir nous entretenir avec le leader du PJAK, notamment à propos du financement de son organisation – et particulièrement des suspicions de trafic de drogue à son encontre – qui feront d’ailleurs l’objet de notre prochain article sur le sujet.