Roberto Abraham Scaruffi

Wednesday, 27 April 2011



Les Predators surarmés arrivent en Libye

Le 26 avril 2011



Le président Obama  a approuvé l’emploi en Libye des Predators armés, des avions télécommandés du type « hunter/killer » (chasseur/tueur) : l’annonce a été faite par le secrétaire de la Défense Robert Gates. Ceux qui sont utilisés dans l’opération « Protecteur unifié » appartiennent à la dernière génération des Predators (« prédateurs ») : ce sont les MQ-9 Reaper, utilisés pour la première fois en Afghanistan en 2007. Le Reaper (« broyeur », de vies humaines évidemment), en mesure de voler à 15milles mètres d’altitude, transporte une charge guerrière de plus d’une tonne et demie, composée surtout de missiles Hellfire (« feu de l’enfer »). Le Reaper peut en transporter 14, au lieu des deux du précédent Predator.
Les Reaper décollent probablement de la base de Sigonella (Sicile) où est déployé le personnel préposé au réapprovisionnement et à la manutention, mais ils sont conduits par un pilote et par un spécialiste des senseurs assis à leur console dans la base aérienne de Creech au Nevada. L’avion  possède des senseurs à l’infrarouge et des vidéos caméras spéciales qui, par le réseau satellitaire, permettent aux opérateurs de repérer les objectifs. Tuer en manoeuvrant un avion avec un joystick à plus de 10mille Kms de distance est la dernière frontière des technologies guerrières. « Voir les  mauvais sujets sur l’écran et comment on les envoie dans l’autre monde, et ensuite descendre au fastfood pour déjeuner, est une expérience surréelle », a déclaré à CNN le capitaine Matt Dean, un des pilotes de la base de Creech. Le problème cependant est de distinguer les « mauvais sujets » des autres :  l’utilisation des Predator/Reaper en Afghanistan, Pakistan, Irak et Yémen est jalonnée de continuelles « erreurs », c’est-à-dire de massacres de civils pris pour des « terroristes » ou pour des « insurgés ». En Afghanistan, il y a deux jours, un missile Hellfire lancé par un Reaper a tué aussi des militaires étasuniens, pris pour des insurgés.



En Libye, a spécifié le général James Cartwright dans la conférence de presse de Gates au Pentagone- les forces loyales à Kadhafi circulent à l’intérieur de zones habitées pour ne pas être la cible des avions OTAN. C’est pour cela que sont maintenant utilisés les Predator, « avions qui ont des capacités uniques, adaptées aux zones urbaines où par contre les bombardements traditionnels peuvent causer des dommages collatéraux ». Le général n’a cependant pas expliqué comment on peut éviter des « dommages collatéraux » en lançant, avec des Predator/Reaper, des missiles Hellfire, dont les têtes sont de trois types : antichar, explosive à fragmentation et thermobarique.



La tête thermobarique Agm-114N Metal Augmented Charge, utilisée pour la première fois en Irak en 2005, quand elle frappe l’objectif répand un nuage de poussière d’aluminium qui provoque une seconde explosion. Celle-ci produit une pression telle qu’elle crée un vide d’air, provoquant la mort par asphyxie de ceux qui se trouvent dans la zone, même à l’intérieur d’édifices ou de refuges. L’organisation Human Rights Watch la définit comme une arme « particulièrement brutale », car « elle rend pratiquement impossible pour les civils de trouver un refuge ». C’est ainsi qu’est réalisé l’objectif fondamental énoncé dans la résolution du Conseil de sécurité : la « protection des civils ».

Edition de samedi 23 avril 2011 de il manifesto,
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio