Opération psychologique contre la Syrie:
Quand le « shopping » de Mme Assad devient un « crime contre l’humanité »
par Finian Cunningham
Le 29 mars 2012
Les
membres de l’Organisation de coopération de Shanghai, incluant la
Russie, la Chine et l’Iran, État observateur, imposeront à Michelle
Obama, femme du président Obama et icône de la mode, des restrictions en
matière de déplacements.
Le
budget annuel dans les six chiffres de Mme Obama alloué aux vêtements
et accessoires de designer est perçu comme un affront à la moralité, au
moment où son mari supervise des guerres d’agression à l’étranger, des
meurtres de masse dans plusieurs territoires à l’aide de drones et qu’il
ordonne l’assassinat d’individus tels que des scientifiques iraniens
spécialisés dans le nucléaire.
Également
victimes de la mode, les femmes des premiers ministres britannique et
français, David Cameron et Nicolas Sarkozy, seraient elles aussi
touchées par des sanctions dans plusieurs pays du Moyen-Orient et de
l’Asie centrale en raison de l’appui donné par ces chefs d’État à la
campagne de bombardement illégale et meurtrière menée par les États-Unis
et l’OTAN en Libye.
Le lecteur aura sans doute réalisé que le « reportage » ci-dessus est une parodie.
Cependant,
en réalité l’Union européenne applique de telles mesures sans précédent
à la femme du président syrien Bachar Al-Assad.
« L’UE
flanque des sanctions à la femme d’Assad », pouvait-on lire à la une de
plusieurs journaux après que le ministre européen des affaires
étrangères eut interdit à Asma Assad, née en Grande-Bretagne, de voyager
dans les États de l’Union. Il a par ailleurs ordonné le gel de ses
avoirs personnels.
Le
portrait sensationnel de la première dame syrienne de 36 ans, décrite
comme, chic, glamour, voire sexy, avait pour but de présenter Mme Assad
comme une ravissante idiote, insensible à la misère et à la violence incessante dans son pays.
Asma Al Assad
Samantha Cameron et Michelle Obama
Carla Bruni, Shimon Peres et Nicolas Sarkozy
Asma Al Assad
Samantha Cameron et Michelle Obama
Carla Bruni, Shimon Peres et Nicolas Sarkozy
Le
Washington Post l’a surnommée la Marie-Antoinette de Syrie, affirmant
qu’« alors que le bain de sang se poursuit, elle fait du shopping pour
s’acheter des souliers de cristal ».
Les
médias dominants ont employé les termes diffamatoires comme s’ils
étaient d’ordre factuel. Or, il s’avère que le battage médiatique à
propos de Mme Assad est basé sur de « précieux » courriels obtenus par
le journal britannique The Guardian, révélant une prétendue correspondance privée de la famille Assad. Même le Guardian
émet un avis de non-responsabilité quant à la véracité des courriels,
transmis selon eux par les « opposants syriens ». Il y a de fortes
chances que ces messages soit faux et aient été forgés par des groupes
de services de renseignement, experts, à l’instar du MI6, dans la
science occulte de la calomnie.
Le
fait que des affaires aussi personnelles et banales que les présumées
habitudes de shopping en ligne d’une femme deviennent un sujet
ministériel de politique étrangère nourrit davantage les suspicions.
Née
en Grande-Bretagne, Mme Assad aurait dilapidé plus de 40,000 euros sur
des articles ménagers et de mode. À la suite des sanctions de l’UE,
entrées en vigueur au cours de la fin de semaine, le ministre
britannique des Affaires étrangères William Hague a déclaré : « C’est un
signe de détermination de l’Union européenne dans son ensemble, afin
d’accentuer la pression, la mainmise économique et diplomatique sur ce
régime. »
Entre-temps,
le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a commenté :
« Nous avions un certain nombre d’indications – je suis certain que cela
ne vous a pas échappé – de la façon dont Mme Assad utilise son argent.
C’est sans doute ce qui nous a poussés à durcir les sanctions. » Les
inquiétudes de M. Juppé quant à la probité financière sont
particulièrement significatives, puisqu’en 2004 il a été condamné par un
tribunal français à 18 mois d’emprisonnement avec sursis pour avoir
« abusé des fonds publics ».
Lorsqu’un quotidien met l’accent sur un dossier louche de courriels, régurgité ensuite par tous et chacun dans les médias mainstream,
incluant ceux dits de qualité, et que ce dossier suspect constitue le
fondement de sanctions ministérielles de l’UE, alors il dégage l’odeur
typique d’une opération psychologique (« psyops »).
Cela
est d’autant plus perceptible si l’on considère que les gouvernements
occidentaux et leurs médias serviles ont, pendant près d’un an,
grossièrement déformé la réalité des violences et du conflit en Syrie,
dans le but de déstabiliser l’alliance entre Damas et Téhéran. Le
président Bachar Al-Assad a été continuellement accusé de « massacrer »
son propre peuple. Pourtant, les preuves qui s’accumulent indiquent que
les actions des forces de son gouvernement visent davantage à protéger
la population civile de groupes terroristes armés et dirigés par les
États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, Israël, la Turquie et les
monarchies du Golfe affiliées à Al-Qaïda.
La
campagne de diabolisation du gouvernement syrien atteint désormais des
sommets plutôt risibles, présentant Mme Assad comme une « insensible
accro du shopping » qui doit être bannie des grandes rues de toutes les
civilisations décentes et respectueuses des lois.
L’ironie
de l’affaire est que ce geste dérisoire et cynique de l’Union
européenne devrait en réalité s’appliquer à des criminels de guerre
avérés. Il existe suffisamment de preuves pour condamner d’anciens et
actuels leaders étasuniens et européens pour crimes de guerre et crimes
contre l’humanité relativement aux agressions militaires en Afghanistan,
en Irak, en Libye et visant dorénavant l’Iran.
Des
sanctions contre Michelle Obama, Samantha Cameron et Carla Bruni,
basées sur des actes illégaux et criminels, ont beaucoup plus de sens.
Article original en anglais : WESTERN PSY-OPS AGAINST SYRIA: When Mrs Assad’s "Shopping" Becomes a "Crime Against Humanity", publié le 27 mars 2012.